DIGITAL INTIMITY 2

“Je n’explique pas mes hasards

Je crée ma chance”

Christophe Flubacher

Appliquant avec assiduité l’expérimentation des empreintes sur le poussoir laissées par des objets bien réels, Pierre Zufferey s’étonne des reliques qu’y déposent plus particulièrement la lingerie fine et les sous-vêtements féminins. Bustier, soutien-gorge, résille, strings et autres fermetures ou attaches de bretelles déclinent ici des hémicycles, là des travées de cathédrales englouties par les siècles, l’ensemble formant des sortes de plans architecturaux ou des sites archéologiques que la patience des Hommes vient juste de désensabler. Or c’est l’incongruité de ces rencontres inattendues entre le Ciel et la dentelle, l’Histoire et la soie, qui fait l’originalité de la présente série, au sens que lui donnaient Lautréamont[1] d’abord, les Surréalistes ensuite, à commencer par Luis Buñuel qui, dans “L’âge d’or[2]”, filmait deux paysans avinés déambulant dans les salons luxueux d’un palais des environs de Rome, juchés sur un char tiré par un cheval patelin, et se souciant comme d’une guigne des ors de l’aristocratie péninsulaire.



[1] La sixième partie des “Chants de Maldoror” (1869) d’Isidor Ducasse, dit comte de Lautréamont (1846-1870), s’ouvre ainsi : “Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie !”
[2] “L’âge d’or” est un film noir-blanc, d’une durée de 63 minutes, réalisé en 1930 par Luis Buñuel (1900-1983).